Quimper aime la fête et le prouve au cours du XIXe siècle quand la ville se pare et devient le théâtre de grandes fêtes populaires.
Cavalcade de 1899. Ballon Santos Aux fêtes traditionnelles s'ajoutent les fêtes de bienfaisance telles que les cavalcades : dans cette grande parade de chars décorés se côtoient héros gaulois, bourgeois, ou encore animaux domestiques de toutes sortes...
Les fêtes patronales du mois d'août sont également très importantes. C'est l'occasion pour les Quimpérois de se distraire avec des attractions nouvelles comme les représentations du diorama ou du cinématographe. Certaines sociétés en profitent également pour organiser des attractions comme c'est le cas pour la 5e fêtes des sauveteurs bretons qui se déroule du 15 au 17 août 1878.
Au début du XXe siècle, il n'existe pas encore de fêtes bretonnes à proprement parler. Seuls des concours de danses et de costumes bretons ont lieu à l'occasion de certaines manifestations comme la fête de la société artistique et littéraire « la Pomme ». La municipalité quimpéroise voit d'ailleurs dans ces concours le but de glorifier notre cher pays en mettant en valeur ses admirables costumes qui donnent tant de pittoresque et d'originalité à notre région.
Fête de la Pomme : carton d'invitation
Cependant, dès 1905, le barde Théodore Botrel organise le pardon des fleurs d'ajoncs à Pont-Aven. Cette fête bretonne va servir plus tard de modèle à la fête des filets bleus à Concarneau en 1907 et à la fête des reines de Quimper créée par Louis Le Bourhis en 1923.
Louis Le Bourhis est né à Elliant en 1880. Il arrive à Quimper en 1906 et rachète le café du commerce près des halles.
Louis Le Bourhis En 1909, il se rend acquéreur du café de Bretagne qui devient rapidement le lieu à la mode où se retrouve la jeunesse quimpéroise. Il abrite également le Cercle des officiers du 118ème régiment d'infanterie et fait office de siège social pour la société de tir La Cornouaille. Il y organise des concerts et propose des soirées dansantes.
Cet autodidacte s'intéresse aussi de près à la vie culturelle de Quimper. Il innove en proposant aux Quimpérois des séances de cinéma sur le champ de bataille et au jardin de l'évêché. Et très vite, il décide de construire son propre cinéma sur les quais de l'Odet...
L'aventure de la Fête des reines commence lors de l'inauguration du cinéma l'Odet-Palace en décembre 1922.
Pour cette occasion Louis Le Bourhis décide d'organiser une fête bretonne regroupant les reines des villes voisines. Ainsi se retrouvent à Quimper, la reine des Brodeuses de Pont-l'Abbé, la reine des Ajoncs d'or de Pont-Aven et la reine des Filets bleus de Concarneau et celle des Cormorans.
Les reines sont accueillies à la gare et défilent sur le boulevard jusqu'à l'Odet-Palace où un apéritif d'honneur est servi. Des concours de chants, danses et costumes sont également au programme.
Face à l'énorme succès que remporte sa fête bretonne, Louis Le Bourhis a l'idée géniale d'organiser une fête bretonne de bienfaisance l'année suivante.
Dès sa création, le 30 septembre 1923, cette fête aspire à devenir une digne représentante de la tradition bretonne à renforts de danses et de costumes bretons. Cette première fête bretonne de bienfaisance est organisée au profit de l'Amicale de l'Ecole Régionale de Rééducation professionnelle des Mutilés et Réformes de guerre de Rennes, du Comité départemental des Mutilés du Finistère et du Bureau de Bienfaisance de Quimper. Elle débute avec un hommage rendu aux victimes de la Première guerre mondiale symbolisé par le dépôt d'une palme au pied du monument aux morts dédié à La Tour d'Auvergne.
Menu du banquet, fête des reines en 1923 Dans la matinée, c'est à la gare que les reines de l'Aven (Rosporden), des Mouettes (Douarnenez), des Filets bleus (Concarneau), des Pommiers (Fouesnant), des Brodeuses (Pont-l'Abbé), des Mélénicks (Elliant), de l'Aulne (Châteaulin), des Fleurs de Genêt (Bannalec), des Ajoncs d'Or (Pont-Aven), de l'Isole (Scaër) sont accueilles par la reine de l'Odet, Marie Guirriec.
Le cortège s'organise alors pour se rendre à l'Odet Palace sous la direction du comité regroupant Louis Le Bourhis, le président M. Marzin et le vice-président M. Buisson.
En tête cinq cavaliers portant le costume d'Elliant mènent le défilé.
Suivent les bardes Botrel, Jaffrenou (Taldir) et Gourvil qui apportent leur concours à la fête et les petits danseurs de Pont-Aven dont un des couples porte sur un coussin le diadème destiné à parer le front de la reine des Reines et la clef du palais de la reine de l'Odet. Défilent ensuite les onze reines et leurs demoiselles d'honneur.
A 11 h 30, le cortège entre à l'Odet Palace. Un biplan survole la foule et lance de nombreux bouquets de fleurs. Sur la scène du cinéma décorée de pâquerettes blanches, les onze reines prennent place sur les fauteuils qui leur sont réservés.
Les reines réunies autour de Marie Guirriec, 1923Le barde Botrel fait alors son apparition et entame son éloge de la Bretagne et des Bretons. Puis il fait remettre à chacune des reines une large écharpe de soie bleue sur laquelle est inscrit en lettres d'or le nom de son royaume d'un jour.
A cette cérémonie fait suite un banquet réunissant 300 convives à l'hôtel de France avenue de la Gare. Puis, le cortège se reforme pour se rendre aux halles où il va être procédé à l'élection de la reine des Reines. Marie Guirriec, reine de l'Odet, remporte le concours avec 12 voix. Le maire dépose alors le diadème royal sur son front.
La journée s'achève à l'Odet Palace au rythme des danses et chants bretons.
Malgré des débuts difficiles, la fête des reines devient un grand rendez-vous annuel.
Les groupes qui se produisent sont, pour la plupart, des amateurs. Les orchestres qui jouent au café de Bretagne se déplaçent à la demande de Louis Le Bourhis en fin de semaine pour animer les bals qui servent à recruter les participants de la fête des reines.
Les reines des communes environnantes sont élues à cette occasion et appelées à représenter leur commune lors de la fête de Quimper. Les sociétés musicales locales telles que la Lyre quimpéroise ou encore l'Orphéon quimpérois apportent également leurs pierres à l'édifice en se produisant et adaptant leur répertoire.
Peu à peu se dessine la grande fête folklorique voulue par Louis Le Bourhis.
En 1924, la fête bretonne de bienfaisance prend le nom de Fête des reines qu'elle gardera jusqu'en 1948 pour laisser place aux Fêtes de Cornouaille.
Les reines à l'Odet Palace en 1923 En 1926, le comité avance la date de la fête au quatrième dimanche de juillet. Ce n'est plus alors une fête réservée uniquement à la population bretonne. Elle devient le rendez-vous de l'été réunissant Bretons et touristes.
A travers la Fête des reines, Louis Le Bourhis a voulu faire prendre conscience à ses compatriotes que la langue, la culture, les traditions et les costumes bretons constituent un véritable patrimoine qu'il convient de préserver.
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