L'armorial de 1696Les archives municipales conservent un curieux document sur parchemin de 29,4 cm par 22,3 cm issu du fonds d’Ancien Régime de la communauté de ville de Quimper et identifié aux archives municipales par la cote AA 3.
Il s’agit du brevet d’armoiries de la Ville de Quimper.
En novembre 1696, un édit royal de Louis XIV prescrivit l’établissement d’un recueil des armoiries du royaume. Il s’agissait des réunir en un seul recueil les armoiries des familles nobles et bourgeoises de France, celles des juridictions, des titulaires d’offices, celles des communautés de villes, des provinces, des abbayes, des corporations d’art et de métiers.
Charles D’Hozier, ci-devant juge d’armes de France et généalogiste de la maison du roi, fut nommé garde de l’armorial.
Cette opération était également une mesure fiscale. Des droits à percevoir furent fixés pour l’enregistrement de ces armoiries. Il en coûta pour la ville de Quimper, la somme de 100 livres. Cette opération fut pour la monarchie française l’occasion de faire rentrer un argent précieux dans un trésor royal alors rendu exsangue par la guerre de la Ligue d’Augsbourg.
Cerf ou mouton ?
Comme les anciennes familles, les villes et les cours seigneuriales possédaient, elles aussi, des blasons personnels. La cour ducale de Quimper utilisait en 1318 une tête de bœuf. L’armorial de L’Argentaye remontant aux années 1500 attribue à l’évêque de Cornouaille les armes suivantes « de gueule au mouton d’argent ». L’armorial de Guy Le Borgne rédigé en 1667 donnait quant à lui pour armes anciennes à la ville de Quimper : « De gueule au cerf passant d’or, au chef d’azur semé de France ».
A la suite de la réunion de l’ancien duché de Bretagne au royaume de France, la ville de Quimper cessa d’utiliser ce blason et préféra recourir comme d’autres cités bretonnes aux hermines de Bretagne mi-parti des lys de France pour sceller ces documents administratifs importants.
L’établissement d’un nouveau brevet d’armoiries en 1696 nécessita des recherches dans les anciennes archives. On exhuma alors hâtivement quelques vieux sceaux usés par des siècles de négligences et d’oubli. On eut bien du mal à les déchiffrer et l’on se trompa. Le cerf passant fut pris pour un bélier à moins que l’on emprunta à l’évêque lui-même son bélier. L’histoire est assez obscure pour permettre à chacun d’imaginer ce qu’il lui plaira. A la Révolution le blason municipal disparu pour quelques décennies. Le second empire et les antiquaires bretons le remirent alors au goût du jour.
Depuis cette époque le blason de la ville de Quimper, timbré d’une couronne murale rappelant ses anciennes fortifications, a connu des utilisations diverses. Sculpté sur les façades des principaux bâtiments municipaux au 19è et 20è siècles, il figure sur les vitraux de la cathédrale. On l’a gravé sur des médailles, des imprimés officiels et il a également flotté au vent des bannières et des drapeaux quimpérois et scellé les chartes de jumelage de la ville.
© Archives municipales de Quimper