Dès 1874, l'on constate une diminution notable dans le débit des eaux amenées du réservoir. Une commission spéciale est chargée d'en rechercher les causes.
Règlement de la concession d'eau à domicile Cette baisse du débit des eaux provient d'un abondant dépôt de tubercules ferrugineux dans l'intérieur de la conduite (les canalisations en fonte rouillent sous terre).
Un projet d'établissement de nouvelles canalisations d'un diamètre supérieur est présenté en 1883 mais cette fois encore ne peut être réalisé faute de ressources financières suffisantes.
En 1888, la question de l'eau est à nouveau reprise et élargie. Il ne s'agit plus seulement d'assurer à la ville tout le débit de la source de Prat-Maria mais encore et surtout de rechercher les moyens permettant d'augmenter la quantité d'eau potable à distribuer.
Un avant projet est présenté en avril 1888. Une commission spéciale examine le projet en juin. Elle préconise une étude complémentaire des débits des sources concernées pendant l'hiver et l'été suivants.
Un nouvel avant-projet modifié est rédigé par un ingénieur spécialiste des Eaux, M. Soulié à qui la ville de Lorient avait confié un projet analogue.
Le projet Soulié consiste à capter les eaux des vallons de Coat-Ligavan et de Saint Anne, à les amener à un réservoir situé près de Kernisy puis de les distribuer en ville au moyen d'une canalisation en fonte. En outre le projet comprend le remplacement des anciennes canalisations de Prat-Maria.
Ces captages allaient notablement modifier les régimes des eaux des ruisseaux. Certains moulins risquaient de voir leurs capacités hydrauliques amoindries. Pour cette raison une commission fut chargée d'examiner les plaintes et les demandes d'indemnisations.
En avril 1889, nous voyons la commission spéciale approuver le projet Soulié mais elle propose de ne s'occuper du remplacement des anciennes canalisations de Prat-Maria qu'après la réalisation du projet de captage de l'ingénieur Soulié.
En février 1890, le débit du réservoir des eaux de Prat-Maria baisse encore sensiblement. Cette situation provoque l'émoi des Quimpérois et de nombreuses plaintes s'en suivent.
Livret de concession de l'eau
Début 1890 l'administration des Ponts et Chaussés rend un avis mesuré mais favorable au projet d'alimentation en eaux de la ville de Quimper.
Par arrêté préfectoral en date du 31 mars 1890, une enquête d'utilité publique est alors ouverte dans les communes de Quimper, Penhars et Ploneïs.
Le projet de la ville est ensuite présenté à Paris au comité consultatif de l'hygiène publique de France. Malgré les plaintes de plusieurs propriétaires terriens, de leurs fermiers et des meuniers de la vallée le projet est déclaré d'utilité publique par décret en date du 4 novembre 1892.
Le 3 octobre 1893, le préfet prend un arrêté instituant une enquête parcellaire. Les procédures d'expropriations sont réalisées et les travaux peuvent dès lors débuter. En 1894, un nouveau règlement de concession d'eau est approuvé.
La question des eaux à QuimperUne longue lutte, émaillée de quelques procès retentissants sur lesquels statuèrent le Conseil d'Etat et la Cour de Cassation va alors opposer la ville de Quimper aux principaux propriétaires expropriés dont M. Bigot d'Engente propriétaire du château de Pratanraz, est alors le principal chef de file.
La presse de l'époque se fait l'écho de ces querelles hydrophobiques, des factums anonymes circulent telle la lettre d'un vieux quimpérois à ses concitoyens, des lettres ouvertes sont publiées dans la presse ou affichées sur les murs de Quimper.
Les esprits s'échauffent quelques temps avant de s'apaiser.
Le service d'eau municipal est ainsi véritablement organisé à partir de 1898. Un cantonnier fontainier est recruté.
Concession d'eau au café de Bretagne Dès lors, le nombre des quimpérois abonnés à l'eau courante ne va pas cesser de croître posant de nouvelles difficultés. En 1895 seuls 51 habitations possèdent un branchement d'eau courante.
En 1900 le nombre des abonnées s'élève à 87. Qui sont ces heureux privilégiés ?
Le préfet, le directeur des chemins de fer, les grands hôtels de la rue du parc, la caserne militaire, des établissements d'enseignement, des rentiers, commerçants et professions libérales.
C'est après la première guerre mondiale que le nombre des abonnés à l'eau courante augmente réellement.
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