La gymnastique fait timidement son apparition en France au début du XIXe siècle avec le colonel Amoros qui fonde en 1815 le gymnase normal militaire de Grenelle.
Quelques années plus tard, Napoléon Laisné et le colonel d'Argy fondent l'Ecole de gymnastique de la Faisanderie. Mais la discipline reste presque exclusivement réservée aux militaires.
Il faut attendre 1869, pour qu'un diplôme de maître de gymnastique soit créé par décret et que cette discipline fasse partie intégrante des programmes des écoles primaires, des lycées et des écoles normales.
C'est véritablement après le séisme de la défaite de 1870 que sa pratique se développe réellement.
A Quimper, il faut attendre 1887 pour que la première société de gymnastique appelée La Quimpéroise voit le jour.
Suite à une réunion préparatoire chez le sieur Autrou, rue Toul al Laer, la société La Quimpéroise est fondée le 17 décembre 1887 à la mairie de Quimper. Elle a pour objectif d'enseigner la gymnastique, le tir, les exercices militaires, l'escrime, la canne et la boxe.
Carte de membre de la QuimpéroiseLa pratique de ces disciplines est exclusivement réservée aux hommes et jeunes garçons qui s'entraînent sous la direction de Léon Mulot, professeur chargé de la direction du gymnase et de l'entretien du matériel.
Selon ses statuts, elle a « pour but [...] de développer les forces du corps. De préparer, en vue du service militaire, un contingent d'hommes façonnés à la discipline et aptes, dans la suite, à former des cadres solides pour l'armée. De donner à la jeunesse quimpéroise les moyens de s'instruire, se connaître et s'estimer. »
Le comité de la Quimpéroise en 1887Le règlement de la société précise également qu'elle a un objectif essentiellement patriotique et que toute discussion politique ou religieuse y est formellement interdit sous peine d'exclusion.
Une tenue officielle est également choisie et se veut différente de la tenue militaire. Elle est composée d'un tricot blanc, d'une chemise de flanelle grise avec col marin bleu clair gansé rouge, d'un pantalon de coutil avec liseré bleu, d'une ceinture bleue, d'une casquette américaine en coutil avec visière carrée et de guêtres blanches.
C'est le magasin Jacob Frères tailleurs, rue du Parc, qui confectionne et fournit, dès le mois de décembre, à la société les vêtements des gymnastes.
Le tout premier gymnase, loué pour 6 ans par la société pour la somme de 700 francs par an les trois premières années et de 300 francs par an les trois dernières années du bail, se situe rue Toul al Laer dans une salle construite à cet effet par Jean Autrou derrière l'hôtel de Provence (à l'emplacement de l'ancienne bibliothèque centrale).
La Quimpéroise en 1887Dès janvier 1888, des demandes de devis auprès de maisons spécialisées en corderies et articles de fonderie sont envoyées afin de pourvoir le gymnase en matériel. Des trapèzes de voltiges, corde lisse, barres parallèles, tremplin, cheval de bois sont commandés à la maison Pouillot à Paris pour une valeur de 1239 francs. Des barres à sphères et des haltères sont également achetés pour un poids total de 1236 kilos à 45 centimes le kilo.
Afin de compléter l'équipement de la salle, une souscription est lancée pour l'acquisition d'un buste de la République et de deux bustes de l'Alsace Lorraine. Un drapeau, symbole de la société, est également commandé au Grand bazar Seignette, place Terre-au-Duc.
Pour la section Tir, des carabines et pistolets, des cartouches et des cartons sont achetés à l'armurerie Quintin, rue Kéréon. Du matériel d'escrime (fleurets, masques, plastrons) est également acquis auprès de fournisseurs locaux.
Mais, ce local s'avèrera vite trop étroit. Il faudra attendre 1907 pour que la société s'installe dans le gymnase municipal de la rue Neuve.
La société nouvellement créée compte 274 adhérents.
Le gymnase de la rue Neuve en 1907Quatre cours de gymnastique par semaine de deux heures chacun sont dispensés aux membres actifs et quatre heures de gymnastique chaque semaine sont donnés aux élèves des écoles de garçons.
Des séances de tirs gratuits sont organisées au stand militaire le premier et troisième dimanche de chaque mois à l'arme de guerre et à la carabine Flaubert. La section Tir compte une cinquantaine de membres. Elle reçoit des autorités militaires des cartouches à titre gratuit pour l'entraînement.
En 1889, la société de gymnastique décide de créer une section de pupilles où sont admis les enfants jusqu'à 14 ans. Ces cours sont dispensés le dimanche matin de 9 h à 11 h. Les pupilles ont l'obligation d'assister régulièrement aux marches militaires tous les premiers dimanches de chaque mois de 8 h à 11 h.
Outre ses activités sportives, la quimpéroise donne des représentations tout au long de l'année à Quimper.
La fête de gymnastique du 12 août 1888C'est le 12 août 1888 que la société organise sa première fête publique de gymnastique et d'escrime durant laquelle une quête est organisée au profit du bureau de Bienfaisance. A cette occasion, les maîtres d'armes des 19e, 62e et 116e régiments d'infanterie et des 28e et 35e régiments d'artillerie, ainsi que les moniteurs de gymnastique du 118e régiment d'infanterie ont prêté leur concours à ces toutes nouvelles réjouissances sportives.
Elle participe également à de nombreuses cavalcades de bienfaisance qui ont lieu à Pont-l'Abbé et dans d'autres villes ainsi qu'aux différents concours de gymnastique où se réunissent les sociétés du Finistère.
Dès 1890, la Quimpéroise va prend part aux concours plus prestigieux comme le grand concours régional de Nantes organisé par l'association des sociétés de gymnastique de l'ouest, à laquelle elle adhère.
La société est également associée aux grands évènements nationaux comme le centenaire de la Révolution française célébré à Quimper le 5 mai 1889. Le programme se déroule en deux parties. Des mouvements d'ensemble, des exercices de marches et de boxe française accompagnés de chants patriotiques interprétés par des enfants de Saint-Mathieu composent la première partie. La deuxième représentation comporte un spectacle à la barre fixe, aux barres à fonds et au cheval, ainsi qu'un assaut de boxe française.
Exercice de la barre fixeLa fête se déroule sur le champ de bataille spécialement apprêté pour l'occasion devant 8 000 personnes. La journée se conclut par une fête vénitienne, un feu d'artifice et une retraite aux flambeaux.
Mais, il faut attendre 1907, pour que la Quimpéroise soit associée aux fêtes du 14 juillet où de nouvelles performances sont accomplies sous les yeux médusés des spectateurs.
Ces spectacles athlétiques d'un autre temps, qui mettent en valeur les prouesses sportives des gymnastes, étaient particulièrement appréciés des Quimpérois qui découvraient alors de nouveaux amusements publics.
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