Le nom Kemper, en breton : le confluent, signale bien la spécificité d'une ville bercée par trois cours d'eau d'importance inégale, l'Odet, le Steïr et le Frout.
La cohabitation parfois brutale entre une ville en développement constant, un réseau fluvial que l'on tend à canaliser fortement dès 1858 et une météorologie parfois exceptionnelle, encore amplifiée par le phénomène des marées, a abouti par le passé à des inondations qui ont marqué les contemporains.
Elles n'ont cependant jamais suspendu durablement la vie économique de l'ancienne cité médiévale, ni représenté un obstacle sérieux à l'installation de populations ou d'industries nouvelles.
Si les crues historiques de 1990, 1995 et surtout celle de 2000 sont évidemment encore très présentes dans la mémoire collective, les archives de la Ville de Quimper conservent le souvenir d'anciennes colères des rivières quimpéroises.
- 1651.- Le pont tournant de Locmaria doit être reconstruit à neuf car ruiné à la suite de fréquentes inondations.
L'Odet, les remparts et la cathédrale avant 1856
- 1664.- En décembre, la ville connaît à nouveau d'importantes inondations qui emportent une partie des murailles de la ville ainsi que le tablier du pont de Locmaria. Les débris encombrant la rivière rendent alors la navigation maritime quasiment impossible.
- 1765.- Les ouragans de la semaine dernière (1ère semaine de janvier) ont occasionné de nombreux dégâts et ont causé l'enlèvement par inondation du radeau de la communauté attaché à la cale Saint-Jean (bac qui succède au pont de Locmaria) qui a entraîné le radeau au bas de la rivière.
- 1769.- Août, on signale une inondation des maisons bordant la rue du Frout.
- 1788.- La rivière est encombrée de sable et de graviers. Une inondation détruit en janvier la chaussée du moulin de l'évêque (secteur de l'actuel pont Sainte Catherine).
Une nouvelle fois, l'Odet quitte son lit et envahit de ses eaux les maisons des riverains domiciliés sur le quai de Quimper.
Les inondations occasionnent d'importants dégâts, notamment chez plusieurs des plus importants négociants, commerçants et banquier de Quimper. Parmi eux, nous relevons les noms de Darnajoux, Alavoine, Veisseyre et de La Hubaudière.
Ces inondations font à nouveaux de nombreux sinistrés parmi les classes pauvres.
A telle enseigne, que par décision du Conseil municipal du 14 juin 1856, une partie des sommes initialement destinées au paiement des fêtes prévues à l'occasion du baptême du prince impérial fut utilisée pour secourir les indigents sinistrés par les inondations.
Pendant la nuit du 3 au 4 décembre 1865 le littoral sud du Finistère est frappé par une série d'inondations qui porte sur une grande partie du territoire la désolation et la ruine.
Sommes allouées aux sinistrés de 1865Une marée forte et imprévue favorisée par une très forte tempête submerge les quais et différentes rues de la ville et cause des dégâts considérables aux marchandises et objets mobiliers de toutes natures. Les habitants des rues de Pont-l'Abbé, du quai et de la rue du quai, de Locmaria, de la place Terre au Duc, de la rue Saint Mathieu et du halage sont principalement sinistrés.
Parmi les services administratifs les plus frappés figure le bureau de l'administration du Cadastre alors situé sur les quais et ses archives.
Une souscription exceptionnelle est par la suite réalisée pour collecter des fonds destinés aux particuliers sinistrés.
Lors de cette nouvelle inondation les quartiers de la Providence, de Pen Ar Steir, de la venelle du Moulin au Duc, de la route de Pont-l'Abbé, de la rue Froide à Locmaria sont principalement sinistrés.
L'abattoir municipal bordant le Steir reste inondé pendant huit jours. Les victimes les plus démunies reçoivent également à cette occasion des secours exceptionnels.
Dans la matinée du 15 novembre, à la suite d'une pluie torrentielle, le ruisseau de Créach Euzen qui longe la rue de Brest sort de son lit et inonde la rue et le rez-de-chaussée de plusieurs maisons.
La hauteur d'eau sur la chaussée atteignait de 0,45 à 0,50 m entre le bureau du général de brigade et la ligne de chemin de fer. Le service hydraulique des Ponts et Chaussées préconise le curage du ruisseau depuis la venelle de l'Hospice jusqu'à la place de Brest.
A cette date, le quartier de la gare de Quimper et de l'impasse de l'Odet subissent une première inondation.
Les sources décrivant les inondations de janvier 1925 sont peu nombreuses.
Les inondations avenue de la gare en 1925 (2)Louis Le Guennec, érudit quimpérois et conservateur de la bibliothèque a relaté dans son journal la colère des eaux quimpéroises « Le temps était mauvais, écrit-il le lundi 5 janvier 1925. Le soir s'est élevé une tempête furieuse, accompagnée de grains très violents qui n'a pris fin que que samedi dans l'après midi. Les rivières ont tellement grossi que l'Odet a débordé dans la plaine de Cuzon, inondant la gare et l'avenue de la Gare ; lorsque je suis allé voir samedi en sortant de la bibliothèque, le pont du théâtre ne donnait plus passage à cette eau torrentielle, les voûtes étant noyées, l'eau refluait sur le boulevard Kerguelen. La minoterie Merret a été inondée et 1500 quinteaux de farine ont été mouillés. Il a fallu évacuer le manoir de la Forêt que l'eau envahissait et où 12 petits cochons ont été noyés dans leur crèche. Le Steir n'était guère moins grossi. Il a transformé en mare la cour du manoir du Parc et les prairies environnantes. Hier dimanche, nous sommes allés sur la route de Concarneau pour examiner la vallée indondée. L'eau coulait encore dans l'avenue de la Gare et les gens ne pouvaient rentrer chez eux qu'au moyen de passerelles ».
Le dimanche 29 janvier, au levé du jour, les trois rivières bordant la ville, L'Odet, le Steir et le Frout débordent et inondent la ville à la suite de mois de pluies et en particulier de trois derniers jours de pluies continuelles.
Les inondations de 1928 rue de BrestLa rue de Brest est la première à être inondée. L'eau monte avec une rapidité incroyable et atteint pour la première fois un niveau de plus de 50 cm au dessus de la chaussée. Le même jour, dans la matinée, le Steir sort de son lit depuis la veille en amont de Quimper envahissait le quartier de la Providence.
L'après-midi, à trois heures et demie, l'alarme est cette fois donnée dans le quartier de la gare. Trois quarts d'heure plus tard la circulation est devenue impossible. Ce fut, de mémoire de Quimpérois, la première fois que l'inondation gagnait la ville par les trois côtés à la fois et que les trois rivières déversaient dans les rues une pareille quantité d'eau.
Requête habitants gare suite aux inondations de 1928On rechercha les origines de ce débordement exceptionnel. Les principales causes à être identifiées furent le déboisement des bassins alimentant la rivière, particulièrement importants du côté de l'Odet supérieur et la construction dans les faubourgs de la ville de nombreux édifices dont les toitures, les cours et les chemins d'accès déversaient brusquement des quantités importantes d'eau de ruissellement qui auparavant s'infiltraient lentement dans les sols.
Pour tenter de limiter dans l'avenir le retour de pareilles catastrophes l'administration municipale sollicita l'administration des Ponts et Chaussées dont les rivières étaient alors un champ de compétence réservé et exclusif, afin de démolir le barrage du moulin Merret accusé de relever de façon considérable le fonds du lit de la rivière et qui apparaissait clairement comme un obstacle à l'écoulement rapide de l'eau. Le curage du Frout fut également demandé.
Le curage du Steir et de l'Odet jusqu'au pont du théâtre sera réalisé à la suite de cette importante catastrophe.
Le soir du 27 février, le Steir sort à nouveau de son lit et de nouvelles inondations frappent le quartier de la Providence.
Le territoire de la commune de Kerfeunteun est lui aussi en partie sinistré par les inondations. Le débat sur l'utilité de la destruction du barrage Merret est relancé mais oppose à nouveau l'administration municipale qui y est favorable à l'ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées qui émet alors un avis contraire.
Régulièrement l'Odet sort de son lit, Le Finistère, 1937Le 6 avril 1939, les immeubles de la route de Brest sont à nouveau frappés par un débordement des eaux.
Par arrêté préfectoral du 28 juillet 1939, le préfet Angéli prescrit un curage du ruisseau de Créach-Euzen à l'origine de cette nouvelle inondation.
Après plusieurs semaines de tempêtes les villes de Morlaix, Quimperlé et de Châteaulin, et Quimper sont tour à tour noyées sous les eaux. Quimper subit deux très fortes inondations.
La première vague frappe des quartiers importants de la zone industrielle de l'hippodrome implantée d'usines et la zone du Moulin Vert. Une hauteur d'eau de plus de 50 cm recouvre ces quartiers.
Aide aux sinistrés quimpérois suite aux inondations de 1974 La seconde inondation, celle du vendredi 15, nettement plus importante, transforme les quartiers de l'hippodrome, du Moulin Vert et les rues du centre de Quimper en un torrent d'eau qui dévaste usines, commerces et maisons particulières. La hauteur d'eau atteint deux mètres dans certaines constructions.
Le triste bilan à l'issue de ces deux journées est de 200 hectares noyés, 900 maisons plus ou moins dégradées, de nombreuses usines de l'hippodrome dévastées, des dégâts importants à la centrale EDF, aux PTT, la voirie urbaine dégradée et le téléphone et les lignes électriques coupés. La cité d'hébergement de la CITRAC, proche de la cité industrielle due être évacuée dans l'urgence. Le montant des dégâts chez les industriels et les commerçants était estimé à plus de 12 millions de francs de l'époque.
Dans la mémoire collective des Quimpérois, la ville n'avait pas connu de telles inondations depuis 1928. A la suite de cette catastrophe, la préfecture mettait sur place un premier système d'alertes aux crues. Grâce à la forte mobilisation du corps des sapeurs pompiers de Quimper, aucune victime humaine n'était cette fois encore à déplorer.
Depuis ces temps déjà anciens, les eaux ont débordés à trois reprises à Quimper : les 15 février 1990, 22 janvier 1995 et 12 décembre 2000.
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