Le projet de cinématographe, réalisé par les frères Lumières en 1895, est l'aboutissement de recherches diversement menées sur le projet de vues animées.
La première séance publique a lieu au Grand Café à Paris le 28 décembre de la même année. Dix petits films sont projetés montrant un exercice de voltige ou encore le déjeuner de bébé. Le cinématographe prend la succession des montreurs de lanternes magiques dans lesquelles passaient des images fixes commentées au fur et à mesure. Le septième Art vient de naître...
Cette « curiosité » parvient à Quimper, sous la forme d'un divertissement forain.
Dès octobre 1896, le maire de Quimper reçoit une demande émanant de M. Jancel, directeur du théâtre romain afin d'obtenir l'autorisation « d'installer sur la place dans un établissement de 12 m sur 5 le cinématographe...après Nantes et Lorient, votre ville sera la troisième en Province dans laquelle auront lieu les expériences du cinématographe. »
Mais la demande de M. Jancel ne peut être satisfaite car les directeurs de théâtre et jeux divers ne sont autorisés à s'installer sur le champ de bataille que pendant le mois d'août.
Le champ de bataille étant utilisé tout au long de l'année par le 118ème régiment pour ses défilés et manœuvres. Il faut attendre les fêtes patronales de 1897 pour voir à Quimper le Théâtre des Merveilles de L. Vernassier qui exploite le cinématographe.
Désormais tous les ans, les exploitants de cinématographes veulent avoir leur emplacement sur le champ de bataille : Blacher, Watrin, Kobelkoff ou encore le cinéma ambulant appelé L'Impérial Bioscope qui, en 1903, présente des scènes militaires, historiques, religieuses et humoristiques. Son spectacle est entrecoupé d'intermèdes musicaux ou d'actualités. Le cinéma est alors un spectacle de plein air très populaire présenté aux Quimpérois durant le 14 juillet ou le 15 août exclusivement.
Programme de l'Odet palace daté de 1935Il faut attendre 1913 pour que soient ouvertes deux salles de projection : Quimper-cinéma dans une salle de l'ancien restaurant Rieux située 46, rue du Pont-Firmin. Les propriétaires en sont Rodolphe Passini et Auguste Denic. La salle Autrou (cinéma Pathé) est quant à elle située 9, place Toul-al-laer. Elle est la propriété de Jean Autrou, « Cafetier et Ameublement ». Malgré cela le cinéma demeure encore un spectacle essentiellement forain.
L'entre-deux-guerres s'avère être une période importante de construction de salles de cinéma.
En 1922, Louis Le Bourhis fait construire le premier cinéma de Quimper, rue Sainte Catherine sur les plans de l'architecte Tassin. Il inaugure l'Odet-Palace avec la diffusion du film The Kid le 15 décembre 1922.
C'est alors l'époque glorieuse du cinéma muet. Ce n'est qu'en 1931 que l'Odet-Palace inaugure le cinéma « Parlant, sonore, chantant ». Louis Le Bourhis organise également une tournée dans toute la Cornouaille pour faire connaître le cinématographe. L'Odet-Palace est démoli en 1987 pour laisser place au cinéma Les Arcades.
En 1931, à la demande de l'abbé Pichon vicaire à Saint-Corentin, une salle de conférence et de représentations cinématographiques est construite sur les plans de l'architecte Freyssinet. Le cinéma La Phalange d'Arvor a une capacité de 730 personnes (660 sièges fixes et 70 strapontins).
Il est remplacé par le cinéma Le Gradlon puis par Le Bretagne en 1965. Jusque dans les années 60, le cinéma est, pour les patronages, un nouveau moyen d'éducation populaire et religieuse qui va largement contribuer à la propagation de l'industrie cinématographique dans l'Ouest.
L'année 1936 voit l'ouverture de deux autres cinémas. Le premier est aménagé 3, rue de Pont-l'Abbé à la demande de monsieur Fabre sur les plans de l'architecte Kerjean. Dans les années 70, le cinéma l'Apollo est remplacé par le cinéma le Cap-Horn qui disparaît en 1988 pour laisser place à la salle des ventes.
En-tête du cinéma la Phalange d'ArvorLe deuxième se situe 21, avenue de la gare. Cette salle est la propriété de la Société Bretonne d'Exploitation Cinématographique créée le 4 février 1936 par Pierre Gane exploitant de cinémas et Léon Moreau, entrepreneur.
Le Rex-Cinéma est établi dans une salle dépendante de l'hôtel Moderne. Dans les années 50, le cinéma prend le nom de Korrigan. Il disparaît en 1990 lors de l'agrandissement de l'hôtel Moderne.
Pierre Gane ouvre en 1949 le cinéma Le Cornouaille, cité de Kerguelen. Il disparaît en 1987 pour être transformé en immeuble d'habitation.
Aujourd'hui, il ne reste plus à Quimper que trois salles de cinéma : Les Arcades, Le Bretagne et Le Chapeau Rouge qui a été ouvert en 1988 dans le bâtiment des anciennes halles du même nom.
Scène du film La calomnieEn 1923 est filmée la grande fête des reines de Cornouaille. Ce film muet en 35 mm a été réalisé par René D'Arcy-Hennery à la demande de Louis Le Bourhis. Le spectateur y découvre Marie Guirriec, première reine de Cornouaille.
En 1958 a lieu à Quimper, la première du film Les Naufrageurs réalisé par Charles Brabant et dont on doit le scénario à Gwenaël Bolloré. Ce film, tourné à Tronoën, Bénodet et Kerity réuni, entre autres, Charles Vanel et Dany Carrel.
En 1978, C'est un film tourné pour la télévision qui prend pour décor Quimper. Le tournage du cadran solaire de Michel Wyn a duré cinq semaines. Un grand nombre de figurants sont quimpérois.
En 1982 quelques scènes du film Les fantômes du chapelier de Claude Chabrol sont tournées à Quimper. Pour les besoins du film le café de l'Epée devient le café des Colonnes.
Deux ans auparavant, en 1980, Claude Chabrol avait déjà tourné Le cheval d'orgueil adaptation du roman de Per-Jakez Hélias dont certaines scènes se déroulent à Quimper.
Rodolphe Passini est né à Morlaix le 30 décembre 1863 de Baptiste Passini et Maria Sémadéni. Il arrive à Quimper le 1er avril 1891 en compagnie de son épouse Augustine Marie Savina.
Il s'installe au 35 rue Kéréon comme épicier. En 1913, il créé avec Auguste Dénic, marchand de tissus, rue Kéréon, une des première salle de projections cinématographiques de Quimper : La salle Rieux, rue du Pont Firmin.
En 1914, il est recensé dans l'annuaire de Quimper comme épicier et agent d'assurances. Il est également chef d'orchestre de la société philharmonique La chorale Quimpéroise dont Auguste Dénic est le président.
Cet autodidacte d'origine suisse est naturalisé français par décret du 29 mars 1902 en application de la loi du 15 juillet 1889.
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