Tombe du pasteur Jones (carré protestant).
Le 13 mars 1844, sur les conseils d'Achille Le Fourdrey, le pasteur James Williams s'installe à Quimper.
Le Fourdrey officie comme pasteur des Eglises de Brest et du Finistère, il est également Président du Consistoire de Nantes.
Il estime que les conditions sont réunies à Quimper pour le développement de la foi protestante et sous son impulsion se décide la construction d'un lieu de culte, rue Mesgloaguen.
Le 13 juin 1846 monsieur Poisson, entrepreneur à Quimper, dépose une demande d'autorisation de voirie pour la construction du temple protestant à élever sur le sol de l'ancienne maison Coatpont. Portrait de Luther.
Par arrêté du 24 juillet 1846, le conseil municipal autorise les travaux. Ceux-ci semblent débutés en septembre. En effet, le 14 une lettre de réclamation est envoyée au maire à propos des travaux de terrassement qui occasionnent des «fuites de la fosse d'aisance» d'une maison adjacente. Celles-ci menacent de polluer les sources.
L'accord de conformité du bâtiment est donné par l'architecte voyer pour l'accueil du public le 8 mai 1847.
Le temple ouvre ses portes aux fidèles pour la première fois le dimanche 9 mai 1847. La lettre au maire d'Achille Le Fourdrey précise que « les services tant en français qu'en breton auront lieu chaque dimanche, le matin, l'après-midi et le soir ».
Peu de temps après l'ouverture du temple, le recteur de Saint-Mathieu Du Feigna et le curé Nédellec réclament la création d'une séparation pour l'inhumation des non catholiques. Plan du carré protestant (1874).
Ils rappellent l'exécution d'une disposition du décret du 24 Prairial an 12 qui exige «que dans les communes où il y a des cultes différents, un terrain séparé par une clôture quelconque soit affecté aux sépultures des différents cultes».
Ils précisent encore, «l'ouverture d'un temple protestant tout à fait récente fait sentir plus que jamais de faire cesser une confusion aussi contraire aux prescriptions de l'église catholique qu'aux convenances personnelles».
Ils obtiennent gain de cause. Le carré protestant devient une réalité dès 1849 à la suite de l'agrandissement du cimetière Saint-Marc et de l'expropriation de la propriété Bernard par décision du 27 novembre de la même année.
Le 29 mai 1858, le pasteur James Williams et quelques membres de l'église évangélique parmi lesquels messieurs Planta et Olgiati écrivent au maire au sujet du remplacement de la porte en bois du carré protestant par une grille en fer. Cette demande est l'occasion de manifester leur satisfaction et ils considèrent « ...le cimetière, d'ailleurs très convenable ».
On sait qu'il existe avant la venue des pasteurs gallois une implantation protestante à Quimper, plus particulièrement une communauté d'immigrés Suisses du canton des Grisons. L'apogée de cette immigration se situe vers 1830.
A cette époque, le culte protestant se pratiquait chez les particuliers. Ainsi, avant la construction du temple, le pâtissier Suisse Passini accueillait dans sa maison les fidèles. Cachet de l'église protestante de Quimper
Les pasteurs gallois s'appuyèrent naturellement sur cette communauté et le pasteur William Jenkyn Jones se souvenait en 1921 qu'au début de son ministère en 1888 l'essentiel de son action se faisait à l'intérieur de ce petit groupe.
Le recensement de la population de 1851 fait état de 35 protestants à Quimper pour la plupart d'origine suisse à l'exception de 5 anglais, de 3 norvégiens et d'un français. Le 14 janvier 1880, à la demande du maire de Quimper, le commissaire de police rédige un rapport recensant les protestants de Quimper : «Le nombre de protestants communiants résidant à Quimper s'élève à 40 environs».
En note, il ajoute la précision suivante : Français, 8 - Suisses, 32. Ces sources émanent du pasteur lui-même. Dans les années 1890, un dénombrement plus précis encore car nominatif des protestants de l'arrondissement de Quimper met en lumière les familles Suisses. Le décompte fait apparaître le chiffre de 58 protestants habitant Quimper.
Si la communauté puise ses forces parmi les émigrés Suisses, les pasteurs cherchent tout de même à gagner de nouveaux convertis : en février 1850, le pasteur Williams et monsieur Le Bescond (ancien séminariste catholique) sont condamnés à payer une amende de deux livres pour distribution de tracts religieux sans autorisation préalable. Le temple protestant de Quimper.
Mais la petite communauté protestante de Quimper se heurte parfois à des difficultés. Ainsi elle se retrouve un moment sans guide en 1869, le pasteur Williams étant retourné en terre galloise.
En 1882, la situation contraint les fidèles à demander une subvention au maire afin de les aider à payer le loyer du temple fixé à 500 francs par la société anglaise du Pays de Galles. C'est également à leur frais que les fidèles font appel au pasteur de Lorient pour célébrer le culte.
Aujourd'hui encore la communauté protestante de Quimper toujours vivante continue de célébrer son culte au temple de la rue de Kergariou, anciennement Mesgloaguen.
Portrait du pasteur JonesEn 1888, Williams introduit son successeur le pasteur William Jenkyn Jones qui arrive de Pont-l'Abbé. Celui-ci s'installe au n° 10 de la rue de la halle à Quimper, comme l'indique sa fiche de déclaration des étrangers.
La maison appartient à Madame veuve Gaspard Olgiati. En 1896, le pasteur William Jenkin Jones se marie avec Fanny Ursule Wilhelm, fille de Jean et de Marie Olgiati, émigrés Grisons.
Le 10 février 1915, il officie toujours comme pasteur et réside désormais rue Brizeux à Quimper. Il décède en 1925 et est inhumé au carré protestant du cimetière Saint-Marc. Une rue de Quimper porte son nom depuis le 21 octobre 1983. Il semble que c'est le pasteur John Gerlan Williams (1870-1952) qui prend sa suite.
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