Les archives conservent sous format électronique une photographie de l’ancienne cloche en bronze de la chapelle du Guéodet qui se trouve aujourd’hui sur la plateforme de la cathédrale derrière la statue du roi Gradlon. C’est elle qui servait jusqu’au début du XIXème siècle de bourdon à l’horloge de la chapelle où se réunissait la municipalité.
La chapelle du GuéodetUne chapelle municipale
La chapelle du Guéodet faisait l’angle de la rue du Guéodet et de la rue des Boucheries. C’est dans ce lieu que le corps municipal tenait ses assemblées et y avait établi la salle des délibérations, ses archives, les magasins nécessaires pour les pompes et les seaux à incendie et autres objets appartenant à la commune.
L’histoire de la chapelle du Guéodet est intimement liée à la peste de 1412. Délivrée de la meurtrière épidémie, la ville fait alors le vœu de présenter à la sainte vierge en l’église de la cité, les deux février de chaque année, une bougie de la longueur des murs de la ville. Celle-ci ne doit jamais s’éteindre sous peine que la ville soit engloutie par les eaux. Ce cierge, enroulé autour d’une tige de fer, était porté en procession dans toute la ville par la confrérie des maîtres-maçons jusqu’à la Révolution.
Il est également d’usage que la communauté fasse faire un service par le chapelain du Guéodet au décès des anciens maires et des membres du conseil pour le repos de l’âme de ces derniers.
Après la Révolution, la municipalité s’établie temporairement dans une maison de la place Maubert. Elle ne laisse alors au Guéodet que ses magasins. L’église se détériore petit-à-petit : chute de pièces de charpente, éboulement de pierres. Il devient urgent de procéder à sa démolition. En 1805, la municipalité entreprend alors la destruction de l’antique église dont les pierres doivent servir à la restauration de la chapelle du collège et les bois de charpente à la nouvelle tuerie.
La translation de l’horloge du Guéodet à la cathédrale Saint-Corentin s’effectue quant à elle au début de l’année 1806. La cloche est alors placée entre les deux tours pour faire office de timbre à l’horloge de la cathédrale.
La plus ancienne cloche de Quimper
La très ancienne cloche du Guéodet date de 1312. Elle a été bénie par Alain Morel, évçeque du diocèse de Cornouaille, en fonction de 1291 à 1320. Elle est de forme allongée et porte une inscription en relief gravée autour de sa partie supérieure :
« Au printemps de l’année 1312
La pieuse cloche appelée Marie s’achève
Voici que le travail est terminé ; Alain y a frappé
Et je demeure ainsi pour rendre louanges à Dieu »
La cloche est principalement utilisée comme timbre à l’horloge de la cité. Mais en 1482, un conflit éclate entre le chapitre et les bourgeois de la ville au sujet de la sonnerie des cloches. Ce conflit puise son origine dans un conflit plus ancien opposant gens d’église et laïcs à propos des comportements abusifs du clergé local au moment des célébrations religieuses (tarification excessive des cérémonies religieuses, sonnerie des cloches, pot de vin, amendes etc.).
Face à cette situation, le nouvel évêque Alain le Maoult se voit dans l’obligation de règlementer l’utilisation des deux cloches de la ville.
En plus de sa fonction d’horloge, la cloche du Guéodet est également sonnée en cas d’incendie, de l’approche d’ennemis, pour entendre la lecture des ordres du prince ou encore pour les baptêmes des navires.
L’autre grosse cloche de la cathédrale baptisée le Bertrand est, quant à elle, sonnée à l’occasion de grandes fêtes et pour les obsèques des notables habitants de Quimper-Corentin sous réserve du paiement des frais de sonneries.
C’est en 1806 que la vieille cloche du Guéodet est transférée à la cathédrale Saint-Corentin.
Le Men nous apprend dans son ouvrage Monographie de la cathédrale édité en 1877 qu’elle fait encore office de timbre à l’horloge de la cathédrale.
Le 28 janvier 1922, l’ancienne cloche du Guéodet est classée parmi les monuments historiques sur la proposition du directeur des Beaux-arts. L’arrêté de classement précise que celle-ci fait toujours office d’horloge de la cathédrale.
Aujourd’hui cette cloche est toujours en fonction sur la plateforme de la cathédrale. Elle n’est plus actionnée de manière manuelle, son mouvement a été électrifié en 1958. Elle est entourée de deux autres cloches plus petites. L’une date du 22 décembre 1830 et porte en relief l’image de Saint-Corentin, d’une vierge à l’enfant, et d’un aigle. Une autre cloche, encore plus petite, ne porte aucune indication. Son origine demeure obscure.
La chapelle du Guéodet fut totalement démolie en 1822 et rien ne fut sauvé hormis une vierge à l’enfant offert la famille de Silguy et la cloche de 1312 qui, malgré ses 629 années, continue de marquer certains évènements de la cité du roi Gradlon.
© Archives municipales de Quimper