Les archives municipales conservent en série I, une douzaine de photographies noir et blanc datée de 1946. Il s’agit de l’inauguration du monument de la Libération de Quimper sur les allées de Locmaria. Il n’est pas fait mention de l’auteur des clichés sur les photographies. Celles-ci accompagnent le dossier de préparation de la cérémonie.
Erection du monument de la Libération en 1946Un monument pour honorer les libérateurs de la cité du roi Gradlon
C’est au cours de la séance du 14 mars 1945 que le conseil municipal de Quimper décide d’ériger un monument en l’honneur des Libérateurs de Quimper.
Il s’agit au départ de remplacer l’inesthétique chalet de nécessité qui se trouve au confluent du Steïr et de l’Odet par un monument commémoratif.
Le sculpteur Quillivic et l’association des Amis de Max Jacob souhaitent pouvoir disposer de l’endroit pour y édifier un monument à la gloire de l’illustre poète quimpérois. Mais le conseil municipal préfère consacrer ce lieu pour l’édification d’un monument à la Libération de la cité.
La municipalité souhaite que ce monument soit la représentation la plus vivante possible de la Résistance. Pour cela il est envisagé que l’édifice soit l’expression même de l’héroïsme. Il doit représenter le chef des FFI ralliant ses camarades et les lançant à l’attaque de l’ennemi ou bien un maquisard isolé qui, entouré d’allemands, épuise ses dernières munitions plutôt que de se rendre.
Au pied du monument le passant pourra lire : « A tous ceux qui, par leur vaillance et leur héroïsme ont sauvé notre belle ville de Quimper, le 8 août 1944. Les Quimpérois reconnaissants » et aussi « Que le présent monument élevé à la gloire des FFI reste, pour les jeunes générations à venir, le symbole vivant des vertus civiques et patriotiques qui donnent d’abord la Victoire et préparent ensuite la vraie Paix ».
La pose et le baptême de la première pierre doivent avoir lieu le 8 août 1945, jour de la délivrance de Quimper par les FFI.
La création d’un Comité d’érection du monument et l’ouverture d’une souscription publique sont votés par le conseil afin de permettre au projet de voir le jour.
Le choix du monument se porte finalement sur un simple obélisque de granit dont la taille est confiée au carrier Coateval à Huelgoat. Le monolithe mesure environ 6m50 et pèse 12 tonnes. Sur sa face on peut lire Libération de Quimper, 8 août 1944. Sa mise en place s’effectue le 28 mars 1946 sur les allées de Locmaria, à l’ancien emplacement de la chapelle du Pénity.
La journée d’inauguration du monument de la Libération
Les festivités commencent dès le samedi 11 mai au soir par une retraite aux flambeaux. La cérémonie d’inauguration a lieu le lendemain en présence des officiels civils et militaires, des représentants des réseaux de résistance, des anciens combattants des deux guerres et des associations quimpéroises.
A l’issue des cérémonies religieuses à la cathédrale Saint-Corentin et au temple protestant, l’ensemble des délégations se rend sur les allées de Locmaria. Après le chant des partisans chanté par Abel Floch, l’imposant monolithe drapé des trois couleurs est découvert par le maire de la Libération Hervé Marchand. C’est le premier à prendre la parole : « recueillons-nous dans le souvenir de ceux qui sont tombés et dont cette pierre rappelle la gloire ». Puis vient le discours du maire de Quimper Yves Wolfarth qui félicite la commission en charge de l’érection du monument. A son tour, le colonel Berthaud évoque la libération de Quimper. Le préfet du Finistère Aldéric Lecomte rappelle quant à lui les combats du maquis et de la fuite de l’ennemi.
Pour clore la cérémonie, la Marseillaise est exécutée par la Lyre quimpéroise. Une couronne offerte par les FTPF de Quimper ainsi qu’une gerbe des scouts de France sont déposées au pied du monument. Le public se recueille alors pieusement devant le monolithe ; sur le socle sont gravés les lieux de Penhoat, Kergren, Guelen et Frugy où de nombreux résistants ont trouvé la mort.
L’après-midi est consacrée à la visite d’une exposition des FFI ouverte dans le garage Peugeot sur les quais. Puis cette journée de la Victoire se termine par un feu d’artifice sur les allées de Locmaria.
© Archives municipales de Quimper