Livret d'inauguration de La Tour d'AuvergneLes archives conservent, sous la cote 10 I_QUI 4, le livret de l’inauguration du monument aux morts pour la Patrie et à La Tour d’Auvergne qui a eu lieu le 11 octobre 1908.
Ce livret de 6 pages a pour dimensions 27,8 x 18,5 cm. Sur la couverture figurent le blason de la ville, deux reproductions photographiques représentant l’Odet et le Steïr ainsi qu’une vue du monument lui-même. En bas à droite sont inscrits le nom du statuaire Hector Lemaire et une citation de Victor Hugo «Gloire à la France éternelle, Gloire à ceux qui sont morts pour elle».
A l’intérieur du livret, on peut lire la liste des présidents d’honneur et des personnalités composant le comité ainsi que le programme des festivités qui se déroulent sur les journées des 10 et 11 octobre 1908. Le livret comprend également une cantate à La Tour d’Auvergne dont les paroles sont d’un certain L. Guyader sur une musique d’Alexandre Thomas, un poème de Frédéric Le Guyader lu devant le monument et un texte d’Anatole Le Braz intitulé Conscrit de Bretagne. Le livret se referme sur le tableau de Georges Melingue Départ de La Tour d’Auvergne et sur celui de Georges Moreau de Tours Mort de La Tour d’Auvergne, tous deux conservés au musée des Beaux-arts de Quimper.
Théophile Malo Corret de La Tour d’Auvergne (1743-1800), héros militaire
Originaire de Carhaix, Théophile Malo Corret de La Tour d’Auvergne effectue ses études au collège des jésuites de Quimper. Il entre aux mousquetaires du roi en 1767 puis devient sous lieutenant en 1771 et capitaine en 1785. En 1789, il se met en congé de l’armée. Il reprend du service en 1793 et sert dans l’armée des Pyrénées orientales où il commande l’armée infernale qui occupe la vallée de Roncevaux en 1794. La paix conclue avec l’Espagne, il s’embarque pour la Bretagne mais est fait prisonniers par les Anglais. A sa libération, il se retire près de Paris. En 1796, alors âgé de 53 ans, il fait de nouveau preuve de courage en se dévouant pour une famille en partant combattre dans l'armée du Rhin à la place du fils unique. Devant autant de bravoure, Bonaparte lui décerne le titre de premier grenadier des armées de la République. Le 21 juin 1800, il tombe au champ d’honneur. Ce n’est qu’en 1904, au cours d’une solennelle cérémonie, que son cœur est déposé au Invalides.
Un monument chargé de symboles
La statue de La Tour d’Auvergne est l’œuvre d’Hector Lemaire (1846-1933) à qui l’on doit notamment une des sculptures de la façade de l’opéra de Lille et plusieurs œuvres faisant aujourd’hui parties des collections de l’Etat. Le socle a quant à lui été conçu sur la place de La Tour d’Auvergne elle-même par le marbrier quimpérois Liot-Streicher.
Ce monument en bronze de 1516 kilos représente le premier grenadier des armées de la République au moment où il vient d’être frappé par la mort au combat d’Oberhausen en Bavière (1800). Derrière lui se tient une allégorie de la République se couvrant le visage de la main droite et tenant dans la gauche une palme. Adossés au socle de pierre le passant peut voir une couronne, des palmes ainsi que le drapeau de la République. Hector Lemaire s’est sans doute inspiré du tableau de Moreau de Tours peint en 1880 car l’on retrouve dans cette œuvre les même objets et symboles : la lance au manche cassé planté dans le cœur de La Tour d’Auvergne, l’épée du premier grenadier tombée mollement à ses côtés, le drapeau de la République, les palmes, attribut des martyrs et des conflits armés et enfin la couronne qui, par son cercle fermé, représente l’Eternité.
Au moment de son érection, le monument est ceinturé de grilles en fer forgé symbolisant alors le caractère sacré de l’ouvrage. Il est érigé au milieu de la place de La Tour d’Auvergne baptisée ainsi depuis 1887 et fait face à l’entrée de la caserne. La proximité de cette dernière et les cérémonies du souvenir qui s’y déroulent vont faire de la place le lieu idéal pour y exposé dès la fin de la Première guerre mondiale les trophées de guerre allemands composés de huit canons et de quatre mortiers.
Le monument aux morts pour la Patrie et à La Tour d’Auvergne fut enlevé pour être fondu par les autorités allemandes d’occupation en 1942. Au lendemain de la Libération, l’Etat fit don à la ville de Quimper à titre de remplacement d’un monument en granit qui ne fut mis en place qu’en 1958.
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